
MARC-HENRI ARFEUX
OEUVRES LITTERAIRES, PICTURALES, MUSICALES, PHOTOGRAPHIQUES
ACTUALITE

Je suis invité au Festival Voix Vives de la Méditerranée à Sète, du 18 au 25 Juillet 2020. Je serai heureux de vous y accueillir lors des lectures, entretiens et signatures que je ferai chaque jour. Voir Programme du Festival :
http://www.sete.voixvivesmediterranee.com/ProgrammesFile/6512bd43d9caa6e02c990b0a82652dca.pdf
DERNIERES PARUTIONS :
Suite Toscane, Poèmes, Accompagné de six sérigraphies,
Dessin aquarellé en couverture, Imprimé sur les presses typographiques de l'atelier, Editions de la Margeride, 2020
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Extrait :
Matin de marbre clair
Aux angles de fraîcheur
Les quatre purs en leur silence
Colonnes
Visages et feux ouverts
Donnant la clé
Du très limpide
Ce lieu d’échos
Peuplé de ses colombes
En cercle pur
Légère est l’ascension
De transparence
Qui marche à tes côtés

Exercices du Seul, poèmes, avec des encres de Silvaine Arabo, Editions Alcyone, Saintes, 2019
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Présentation de l'éditeur :
Vibration pure autant que paysage, le Seul est au centre de ces exercices poétiques. Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Une voix se lève alors et tente de rassembler quelques-uns des signes et des éléments premiers de l’être. Cherchant sans trêve dans l’incertain, elle noue avec le monde un pacte d’énigme où se devine le battement d’un coeur.. Les poèmes qui en résultent sont nourriture mentale, bagage immatériel et lampe du méditant anonyme cheminant dans l’absence
Textes
Cherchant lisière,
Les yeux,
Fidèles à la promesse
Qui ne fut pas donnée.
Le pâle désert d'une heure,
Entre le vin d'étoiles
Et la morsure d'un rosier nu.
L'espoir de ce visage qui ne se voit,
Simple parfum d'un mot
Qui pourrait naître de la cendre.
**
La bouche est immobile en ce matin de nuit.
Elle est veilleuse
Pour l’acte d’un nom pur
Formant par le silence une floraison.
Serais-tu le brouillard,
Ou bien ce feu,
Simple illusion d’un arbre
Au noyau vide où vient l’intemporel ?
**
Mouvement de vide
Au pays flou de l’évasif.
Et plus un signe ne résiste
A l'enfouissement des yeux
Dans le non lieu horizontal.
Seulement la brume, l'absence et la blancheur.
Puis au repli du dénuement,
Nuée de lampe venant à la rencontre,
Naissant visage de l'étrangère
Cherchant les yeux, la bouche,
Et la promesse.
**
Ce monde,
Épanoui dans la distance,
Vivant manifesté
Dans la splendeur du temps.
Les fougères de jadis
Ne veillent aucun perron,
Mais la résine blessée continue de hanter.
Sans preuve,
Parmi les arbres inexistants,
Tu montes avec l’oubli.
**
Matin premier de l’altitude.
Les floraisons de l’oxygène
Séduisent à l’infini.
Tu marches sur le fil
Entre les vents iodés de l’absolu.
Le jour est ce profond regard
Où plonger l’abandon d’une offrande accomplie.
Car tu n’es qu’un puits bleu conduisant aux figures
Que les grands jeux d’étoiles dessinent inversement.
**
Montant au gouffre,
A pas de scarabée,
Tu cueilles une herbe mauve
Au bord du rien,
Sous le rire arc-en-ciel de l’air mouillé.
Sa flèche glisse au-dessus de toi,
Versée pour l’inutile.
Persiste une senteur fine,
Ainsi qu’un astre tournoyant.
**
Nocturne, et lente ailleurs
Selon le fleuve
En ses cavernes zodiacales,
Où nombres nuits et signes ardents
Forment figures.
Maisons silences
Et grands miroirs de lait,
Feux pâles,
Ô noire et nue falaise
Au bleu de cécité donnant lumière.
Marc-Henri Arfeux
Extraits de Exercices du seul
© Editions Alcyone
All rights reserved.
Note de lecture de Valérie Canat de Chizy, parue sur le site en ligne Terre à ciel de janvier 2020 :
Marc-Henri Arfeux, Exercices du Seul. Éditions Alcyone, 2019
Qu’est-ce que le Seul ? Pour Marc-Henri Arfeux, il est vibration pure autant que paysage. Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Pour moi, le Seul correspond à une expérience du dépouillement à laquelle le poète a accès en côtoyant l’énigme. Dans un cheminement intérieur où les images s’épurent au contact de l’absence. Les poèmes de ce recueil s’exercent à capter les signes fugitifs du Seul.
Aucun chemin, tel est le don.
Seulement le vent de la lumière
Ouvrant les pas.
Le voyage se fait dans un paysage imaginaire et épuré. L’énigme, la limpidité se rejoignent, l’aube touche l’étoile, l’amour effleure, les yeux cherchent la lisière dans le loin. La lumière, le rêve, le regard de l’enfant : tout ici évoque le retour à la pureté des premiers temps, au regard non façonné par le raisonnement, l’esprit critique, la connaissance.
L’espace est sans origine, à la recherche d’un seuil, dans le lointain.
Je suis à la chartreuse de mon silence.
Il neige à ciel perdu.
Le Seul est là, dans la distance.
Assis dans l’embrasure
Je regarde en mangeant.
L’assiette est sur le sol.
Elle tinte à peine sous la cuiller
Comme une voix très évasive
Au pays flou
Des signes intérieurs.
La figure du sage, du moine taoïste émerge ici, nous ramenant aux textes fondateurs de la philosophie chinoise, tel le Tao Te King.
La neige, le givre, la solitude sont autant de composantes d’un paysage nimbé d’absence et de blancheur. Un paysage de neige, aux confins de la Chine. Passager du silence, à l’instar de Fabienne Verdier, Marc-Henri Arfeux explore l’absolu, à la conquête du Seul.

Lumière sur nuit, poèmes, Editions Rafael de Surtis, Cordes sur ciel, 2019
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Présentation de l'éditeur
Si la nuit est première, la lumière monte à travers elle, substance d'une émotion qui s'interroge, s'émerveille en tremblant, écrit sur le vide et parcourt une à une lrd déchirures nées à sa surface. Elle forme des jardins, déploie des promesses indécises, traverse les solitudes enneigées de son propre désert, jusqu'à l'extrême errance, puis redevient la lampe annonciatrice d'une aube. La nuit, cependant, continue de la hanter, l'irriguant tout entière, selon ses nombres d'or. Mais nuit et lumière ne sont pas que négation réciproque. Au plus lointain de l'abandon s'inverse le silence. Alors advient la plus intime essence de ce qui les unit, l'éblouissement par éclosion d'obscur. C'st à l'exploration de ce mystère que se consacrent les poèmes de Lumière sur Nuit.
Textes extraits de Lumière sur Nuit
Sur un chemin d'aurore ensemencée,
Avec le vent, la pierre et la distance,
Et rien que le chemin s'environnant de nuit fendue dans sa longueur,
Par vent de roche et de lointain,
Ce peu de cendre aux mains nouées,
L'humide et l'épineux, le plus léger que graine,
A l'aplomb d'un visage
Si lentement, longtemps donné.
Ô feu, gant retourné jusque à l'azur,
Le noir verger criant son cri
Sous un prénom d'orage.
**
Nuées de doigts dormants
Qui furent des papillons
Buvant le lait du jour
Lorsque l’esprit naissant
Brûlait de ciel chiffré
Le long des gouffres et du silence.
Ces mains, qui touchèrent la lumière
En son plus noir joyau,
Sont également nos mains
Tressées d’insectes éclatants,
Nos mains de formes claires,
D’attente et de distance.
**
Tu cherches un signe
De silence
Où l’encens des paroles
Soit regard accompli.
Rameau perlé de gouttes
Un jour d’hiver devant le gris.
Et l’herbe l’accompagne
Jusqu’à ce point de l’horizon
Troublé par l’évasif
En forme de brouillard.
Y dorment les grands cerfs
De solitude,
Comme des lanternes suspendues
Veillant l’ailleurs et ses chemins,
Pays rêvé qui se retrouve
Dans l’invisible errance
De sa forêt.
Le voyageur descend de son cheval
Et marche sans chercher,
Ne voulant plus aller,
Mais être
Au sein de cette absence.
**
Quand elle viendra,
Muette à la fougère de l'heure,
Un très vieil or traversera les grilles.
Le schiste et le genêt brûleront au lit de son regard.
Ses seins, durcis au feu d'un astre mort,
Eteindront les oiseaux,
Et la résine apportera son ombre.
L'anneau lucide à sa main droite
Redoublera de songe
Le mince archer lunaire
Accompagnant ses pas.

Le pas de l’œil, poème, livre d’artiste avec Marc Granier, Editions Les Monteils, 2017
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Extrait :
Le voyageur du seuil
Revient à sa maison,
Feu grandissant
Selon le chant de solitude,
Ô bleu !
Ton matin d’intervalle
En cette nuit portée si haut,
Dont le rocher vacille
A l’épaulement du flou.
Déjà, le voyageur est loin,
N’ayant laissé parmi les pierres
Que l’assiettée de quelques signes,
Ce peu de lait, de cendres et de vent pur.
Et l’Ange de l’entre deux contemple
En sa nuée
Ce qui de nous s’élève,
Le cœur naissant,
A la rencontre silencieuse.

Velours de l'horizon, Editions de la Margeride, 2016.
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Extrait :
L’aube est donnée sur l’étendue
Qui vient au voyageur,
Et les chemins de l’air
Fleurissent à son regard
Portant secret de monde.

Connivences 3, Editions de la Margeride, 2016.
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Extrait :
Irisation de la boussole
A la mémoire du capitaine Hatteras
Ta ligne de distance ouvre les seuils,
Ô bleu, naissant du prisme où vont les houles
Hantées de nuits polaires qui sont des aubes ;
Et les vents magnétiques,
Lustrés d’oiseaux limpides aux yeux d’étoiles,
Reviennent au grand verger des eaux premières.
Alors, les transparences où sont les îles,
Roseraies de glace et d’ambre pur
Sous les yeux du volcan.

L'Eloignement, récit, Editions du Littéraire, Paris, 2014
Présentation de l'éditeur :
Il y recherchait la solitude propice à son travail de peintre. Il croyait l’avoir trouvée en s’installant dans cette vaste demeure isolée, au fin fond d’une campagne lointaine. Pourtant, dès son arrivée, la maison – et les forêts qui l’entourent – semblent animées, voire habitées par une étrange et obscure personnalité.Est-ce l’énigmatique Hélène, surgie de nulle part, qui incarnera ce nouveau monde ? Quel est ce secret qui viendra troubler l’aura du silence ravivé par la présence de ce drôle de locataire ?Sortiront de leur léthargie les questions embarrassantes, les énigmes indéchiffrables, les pressentiments émotionnels…
C’est alors que débutera cette histoire d’une fascination où l’attente n’est pas le moindre des sortilèges.
Marc-Henri Arfeux est né à Lyon en 1962. Après des études de philosophie et de littérature, il se partage entre l’écriture, la peinture, la composition électroacoustique et la photographie. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages – qui traitent d’une même interrogation autour de l’énigme de l’existence et du monde – il vient de recevoir le Grand Prix de la Prose Gaston Baissette 2014.
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Broché: 96 pages
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Collection : La bibliothèque de Babel (30 novembre 2014)
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ISBN-10: 2919318285
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ISBN-13: 978-2919318285
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Début de L'Eloignement :
LA MAISON M’AVAIT PLU, pour ce qu’elle se trouvait très à l’écart, en position d’attente, à la lisière de la forêt. La grille s’ouvrait sur un chemin bientôt perdu de vue sous le couvert des arbres. On pressentait qu’il n’en venait jamais personne et, dans la cour, tenant sur ce côté lieu de jardin, veillaient les feux tranquilles de roses anciennes qui semblaient nées spontanément. La route conduisant au village, prenant à droite derrière le mur de ce jardin, demeurait invisible et s’éloignait presque aussitôt dans le silence. De là non plus, on ne pouvait s’attendre à l’arrivée d’un visiteur qui n’ait été dûment convié.
L’arrière, par un vaste salon servant aussi de chambre, donnait sur une prairie qui avait due être une pelouse, avant de revenir graduellement à l’état de clairière environnée de bois. Les premiers arbres, principalement des hêtres et des érables, montaient à des hauteurs magiques et décrivaient un demi-cercle pur, donnant à cette prairie l’aspect d’un lieu perdu comme il s’en trouve dans les forêts qu’aucun piéton n’a traversé depuis de longues années.
Sur le couchant, un autre pré en pente rejoignait une rivière masquée dans ses rideaux de peupliers.
La maison, quant à elle, tenait à sa rudesse qu’adoucissait en filigrane certain esprit sensible donnant le sentiment que, des générations qui l’avaient habitée, se conservait l’aura diffuse à l’unisson de ce pays désamarré.
Rien d’autre, et le silence, porté sur la lumière horizontale d’une fin d’après-midi. Je ne pris pas la peine de visiter l’étage. Ce que j’avais pu voir me suffisait.
Dix jours auparavant, quand le notaire du lieu m’avait écrit sur le conseil d’un ami proche, j’avais perçu, derrière les mots prudents, que la maison correspondrait exactement à mon attente. Sous l’apparence de précisions, certaines formules s’abandonnaient d’ailleurs, quoique qu’indirectement, comme par mégarde, à une tonalité plus personnelle qu’on l’aurait attendu d’un tel courrier : « La Renardière est à distance de toute habitation; elle convient donc à une personne qui souhaite la solitude. On n’a fixé qu’une condition. Le locataire doit vivre seul et s’engagera pour une durée d’un an qui sera renouvelable, sur le principe d’un mutuel accord.» D’emblée, ces éléments, tout comme cette clause inattendue, m’avaient séduit, et ma visite avait aussitôt confirmé cette impression. Il fut convenu que j’entrerais dans la maison à la deuxième quinzaine de mai. Une fois tous les jeudis, une femme de charge viendrait assurer l’entretien. On m’épargna d’avoir à la chercher et la choisir en me recommandant une personne de confiance, discrète et efficace, connue et estimée dans le pays. Je donnai mon accord, heureux de n’avoir pas à m’occuper d’autres détails que ceux de ma prochaine installation.
J’arrivai donc un vendredi, en cours d’après-midi, par très beau temps. Mes malles et les six caisses qui contenaient mon matériel furent transportées et déposées par deux hommes du village dans celles des pièces que j’indiquai. Selon l’usage, je leur offris un verre de vin et les payai, puis ils partirent silencieusement. J’étais cette fois tout à fait seul. Repoussant l’ouverture des caisses au lendemain, je vins m’asseoir sur le perron.
Il regardait la grille ouverte et le chemin. Tout comme le jour de ma première visite, une longue lumière oblique s’unissait à ce paysage, le révélant de l’intérieur en ses présences et ses détails les plus ténus. Dans le jardin, les moindres brins de l’herbe vivaient avec une calme intensité, comme les broderies d’une tapisserie dont tous les fils entrelacés sont perceptibles. Les roses brûlaient la lampe votive de leur parfum dans la lenteur de l’air, créant une île de transparence derrière laquelle se devinait l’émanation plus grave et plus obscure de la forêt. La grille ouverte, aux fins barreaux luminescents, marquait un seuil entre ces deux espaces, posant au sol une ombre délicate qui évoquait de loin une sorte d’aile. Je pressentis que la fermer serait non seulement inutile mais malvenu, tant l’unité de ce lieu pur s’imposait à l’esprit. Il respirait sous mon regard, avec un si grand naturel que je n’osais faire un mouvement, de peur de déranger son évidence. Jardin, grille et chemin tourné vers la forêt s’entretenaient silencieusement sous mon regard, tandis que la lumière vivait en suspension, retenue par le charme dont elle était un personnage à part entière. L’heure, avec elle, était passée sur le versant de l’immobile. C’était en soi un événement sans anecdote qui, tout entier, me ravissait.
Souvent, les paysages sont des conversations qui sollicitent notre présence, bien que se passant d’elle, unis qu’ils sont par leur secret. C’était le cas de celui-ci. Assis comme je l’étais devant sa beauté simple, je ressentais sa personnalité latente. Un être intime et réservé me dévoilait son existence, et c’était avec lui, ou tout au moins à ses côtés, que j’allais vivre désormais. J’avais voulu la solitude parfaite de cette campagne reculée, mais sans la mesurer comme à présent. Car pour la première fois, je prenais peu à peu conscience de l’équivoque de cette idée. La solitude imaginée n’a pas de corps. Une fois réelle, elle nous impose un fait sans nulle mesure avec le jeu confus de nos attentes et, brusquement, son nom lui- même est ébranlé. Je découvrais soudain que, libéré de toute présence humaine capable de distraire et d’attirer dans ses raisons, je n’étais justement pas seul : jardin, grille et chemin, forêt, lumière, jusque au silence, tout existait avec l’intensité d’une âme douée de rêve et d’un regard dont j’ignorais l’objet. J’étais du moins certain que ce n’était pas moi, visiteur immobile sans importance, qui captivait son attention.
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